Souvent, le burn out est inattendu. On entend alors pour la première fois les mots « épuisement professionnel », « burn out », « asthénie psychique », « surmenage », … on nous parle de médicaments, de psychologues, de psychiatres… Pour ceux qui n’ont jamais approché ces pans de la médecine, tout cela peut être assez effrayant. Pour beaucoup, le psychiatre est le médecin des fous, qui opère dans des asiles auprès de personnes portant la camisole. Peut-être ces quelques lignes pourront-elles vous rassurer.

La première chose à noter est que le burn out est un évènement très important et qui demande des réponses adéquates, mais le burn out n’est pas grave : c’est un moment difficile, parfois douloureux, toujours trop long, mais on ne meurt pas d’un burn out s’il est bien accompagné, tout comme on ne meurt plus d’une appendicite, à moins de l’ignorer trop longtemps.

Alors d’abord, qu’est-ce que c’est qu’un burn out? Cet article peut vous donner quelques clés de lecture.

Si ce n’est pas grave, en quoi est-ce important? Une image nautique nous permettra de l’éclairer. Le burn out est un message de la salle des machines au capitaine du navire. Le capitaine, trop longtemps, a demandé à la salle des machines de tourner à fond, de maintenir la vitesse au maximum, sans tenir compte des messages d’alerte et des limites de ses moteurs. Le burn out, c’est quand le moteur lâche, et que la salle des machines dit au capitaine « On vous avait prévenus et maintenant, c’est la panne. Ca va prendre du temps pour réparer, la réparation va rester fragile pendant quelques temps, et si vous continuez à nous demander ce régime, les pannes seront de plus en plus graves et longues, peut-être un jour irréparables. Il va falloir changer vos habitudes, capitaine! » La salle des machines c’est notre corps, le capitaine notre tête.

Le burn out est un message fort, parfois douloureux, que nous adresse notre corps pour nous indiquer qu’il y a quelque chose à changer. Et ce quelque chose, il n’y a que l’individu lui-même qui puisse le déterminer. Ce peut être une situation professionnelle que vous subissez ou que vous vous imposez depuis trop longtemps, une situation familiale qui vous a usé, … Bien sûr, le problème peut sembler venir de l’extérieur, comme par exemple dans des cas de harcèlement ou de conflit. Seulement, d’une part nous ne pouvons souvent pas changer l’extérieur, d’autre part nous avons à questionner les raisons qui nous ont permis d’accepter cette situation jusqu’à en faire un burn out.

Alors comment comprendre ce message, comment le décrypter? Il faut du temps, du recul et du calme. Tout comme il faut du temps et du calme pour que la vase se dépose et permette de voir le fond de l’étang, il faut du temps et du calme pour que les choses s’apaisent en nous, que peu à peu nous arrivions à lire au fond de nous-mêmes, là d’où le message est parti.

Faut-il se faire accompagner, voir des médecins, des spécialistes? Souvent, oui. Ces rencontres auront la vertu de vous rassurer, de baliser le temps, de vous offrir des espaces de parole privilégiés, …

A qui s’adresser?

  • votre médecin de famille
  • les CMP (Centre Médico-psychologique) assurent des consultations médico-psychologiques et sociales pour toute personne en souffrance psychique et organisent leur orientation éventuelle vers des structures adaptées (CATTP, hôpital de jour, unité d’hospitalisation psychiatrique, foyers…)
  • les lignes téléphonique d’écoute peuvent aussi être un bon soutien
  • les urgences psychiatriques en hôpital sont un bon lieu de prise en charge, en particulier lorsque votre souffrance vous dépasse
  • sur internet, vous pourrez trouver les psychologues et psychothérapeutes actifs dans votre région
  • des associations offrent des espaces d’écoute et de soutien de qualité : Association France Burn Out, l’Association d’aide aux victimes et aux organisations, confrontées aux Suicides et Dépressions Professionnelles

Les médicaments sont-ils nécessaires? Quand on n’a jamais pris de médicaments, surtout en psychiatrie, ils peuvent faire peur. Arrêtons-nous un instant sur l’exemple des antidépresseurs, par exemple ceux de la catégorie des ISRS (Inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine). Pour faire simple, la sérotonine est une hormone secrétée par le cerveau, et qui apaise. Le cerveau produit cette substance naturellement avec excès, et nous sommes dotés d’un mécanisme qui régule cet excès en le capturant. Quand on n’a plus assez de sérotonine, cet antidépresseur va un peu calmer le processus de recapture pour augmenter la quantité disponible.

Nous prenons des compléments alimentaires quand nous manquons de l’un ou l’autre apport, des médicaments de tous ordres pour modifier les équilibres chimiques de notre corps, la sérotonine peut être vue au même niveau. Un processus chimique à réguler temporairement, suite à un déséquilibre. C’est une béquille temporaire qui est parfois nécessaire, et qui permet de traverser une phase difficile plus calmement. Il n’y a rien de sorcier là-dedans, 30% des cas de burn out engendrent une prise de médicaments.

Dois-je faire un passage en hôpital? C’est parfois nécessaire et même rassurant, environ 30% des personnes qui font un burn out passent un temps en hôpital. Si votre médecin vous y envoie, cela vous dira quelque chose du degré d’importance de votre situation, et peut-être sera-t-il sage de prévoir les choses pour ne pas retourner au travail immédiatement à votre retour, mais de prévoir un temps de repos et de recul quelque part.

Est-ce que mon burn out va durer longtemps? Il est impossible de répondre ici à cette question. La moyenne de durée d’arrêt maladie est de sept mois. Pour certains, il ne sera qu’une fatigue de quelques semaines, pour d’autres cela prendra d’avantage de temps. Mieux vaut aller lentement dans la bonne direction que rapidement dans la mauvaise.

« Je ne peux pas quitter mon travail ». C’est souvent la première réponse donnée. Et c’est souvent la première cause du burn out. Nous nous adressons des injonctions qui commencent par « il faut ». « Il faut que je m’occupe de ma famille », « Il faut que je sois au travail lundi », « Il faut… », « Je dois… », … Par cela, nous nous imposons une pression importante, nous prenons une charge sur les épaules que souvent même personne ne nous demande de porter. Il est bon ici de se demander dans quelle mesure on est vraiment indispensable à ce point. Que se passerait-il concrètement si nous avions un accident qui nous garde à l’hôpital pour six mois? Oui, ça demanderait des aménagements, parfois importants. Eh bien, peut-être êtes-vous dans une situation qui l’exige?

« Je culpabilise. » C’est inutile, et en même temps ceci rejoint les injonctions citées ci-dessus. Nous travaillons pour vivre, nous ne vivons pas pour travailler. La sécurité sociale est un système prévu par la communauté humaine de notre pays, et qui vous dit « Ne t’inquiète pas, repose-toi, on va t’aider. » Ce que vous traversez est une période qui vous permettra de mieux redémarrer ensuite, et de mieux rendre à votre environnement, vous pouvez le voir comme un temps de formation.

Ceux qui ont été bien accompagnés parlent souvent du burn out comme d’une grande opportunité. Il est rare, dans une vie, de recevoir un signal aussi fort, aussi clair et aussi radical. Ceux qui s’y arrêtent et l’écoutent se retrouvent souvent quelques temps après dans un tout nouvel équilibre, ont l’impression de renaître, de démarrer une nouvelle vie. Le burn out aura été le révélateur qui aura transformé leur vie.

J’aimerais prendre du recul pendant quelques temps, mais où?

Il est bon lors d’un burn out de prendre un temps de recul et de calme. Se pose alors la question du « où »? Plusieurs options existent. Des séjours de quelques jours en centre thermal, se mettre au vert chez des amis. Les mots d’ordre pourraient être ici « un endroit où vous serez bien entouré, et où vous pourrez faire quelque chose que vous aimez ». C’est la raison d’être du projet « Au temps pour toi » : accueillir ceux qui désirent prendre un temps de recul suite à un burn out, dans un lieu où ils trouveront des moyens pour transformer cette épreuve en opportunité.

Vous avez d’autres questions? N’hésitez pas à nous contacter.