L’angoisse est un état difficile à comprendre pour celui ou celle qui ne l’a jamais vécu. Que dire alors de la crise d’angoisse, aussi appelée ‘attaque de panique’? Les résidents de ‘Au temps pour toi’ nous encouragent à proposer quelques repères sur le sujet, nourris de leur expérience.

Qu’est-ce que l’angoisse?

L’angoisse, c’est la terreur sans objet. Songez à votre état intérieur si vous vous retrouvez seul(e) en forêt en pleine nuit, ou face à une grosse araignée, ou encore à quelques instants d’une prise de parole en public, … bref, face à cette chose qui a le don de vous mettre dans un état de peur panique. Comme tout animal, nous sommes programmés pour réagir face à la peur : sécrétion massive d’adrénaline, concentration du flux sanguin sur les muscles et organes essentiels au combat ou la fuite. Le cœur et les poumons accélèrent, notre attention se focalise sur l’objet de la peur et sur les options de survie. Si vous êtes poursuivi(e) par un ours, votre liste de courses, votre faim ou la dernière facture du garagiste passeront très vite au second plan!

Eh bien l’angoisse est un état de peur similaire, mais sans qu’il n’y ait de forêt, d’ours, d’araignée ou quoi que ce soit. Mêmes symptômes physiques, même adrénaline, … Vous êtes terrorisé, mais sans ‘raison’.

L’angoisse, c’est fort?

L’intensité de l’angoisse peut varier. Elle peut être de l’ordre d’une inquiétude permanente ; il est alors possible de parfois en faire abstraction, de la cacher à notre entourage, de poursuivre une vie sociale et professionnelle en prétendant que tout va bien. On essaye de se raisonner, de s’apaiser de mille manières (relaxation, sport, divertissement, …).

Elle peut être plus forte, comme un trac avant de monter sur scène. Votre estomac est noué, votre respiration courte, vos mains moites, … Il est beaucoup plus difficile de la cacher ou de la dépasser, mais c’est encore possible. Les moyens d’apaisement sont alors souvent plus costauds (anxiolytiques, somnifères, alcool, drogue, …).

Parfois, et toujours sans raison objective, l’intensité de l’angoisse peut atteindre des sommets, de l’ordre de la terreur ressentie face à un train qui vous fonce dessus. Il n’y a pas de train, mais la terreur est de cette intensité. Vous êtes tétanisé, pétrifié, votre cœur bat à tout rompre, vous êtes pris(e) de nausées, … Vous pensez que vous allez mourir.

Comment traverser l’angoisse?

Lorsque l’angoisse prend de l’ampleur, comme elle n’a aucun origine identifiée, tout peut devenir objet de peur et venir la renforcer : le bruit dans la rue, un coup de fil, rencontrer un collègue, une réunion, entendre votre propre voix, l’aventure impossible d’aller chercher du pain… Tout vous terrorise, impossible d’y échapper. Vous portez un panneau au-dessus de votre tête, affichant votre mal-être. Vous en êtes tout du moins persuadé, alors vous essayez de vous cacher. Vous ne voyez aucun moyen, rien de vous paraît possible. Vous ne pouvez qu’essayer d’avoir un peu moins mal : aller se cacher dans les toilettes, s’enfermer chez soi, sous la couette en pleine journée et surtout, si possible, tant que possible, dormir… Vous savez au fond de vous-même que ça ne vous aide pas mais vous le faites quand-même. Echapper quelques minutes à l’emprise de l’angoisse, oublier, mourir un peu…

Pendant les phases d’angoisse intenses, le matin est souvent le plus difficile : affronter une nouvelle journée, devoir attendre une éternité avant de pouvoir replonger dans le sommeil. Le temps ne passe pas, vous comptez les minutes, … L’angoisse s’apaise à partir de la fin d’après-midi : la nuit semble moins loin. Quelles que soient vos réussites de la journée, le lendemain matin vous recommencez à zéro, il faut à nouveau déployer les mêmes efforts surhumains.

Autour de vous, personne ne comprend. Personne ne comprend que vous êtes en permanence en urgence absolue. On vous propose des médicaments qui vont peut-être faire effet dans quelques semaines… Ca ne règle rien à votre état de l’instant. Aucune solution partielle ne vous apaise. Vous demandez de l’aide mais devant le peu de réconfort qu’elle vous procure, vous la rejetez. Vous mettez tous vos espoirs dans de toutes petites choses : un rendez-vous chez un nouveau thérapeute, un autre médicament … mais êtes déçu aussi fort que vous y avez mis de l’espoir.

Parfois, vous êtes capable de vous dépasser comme lors d’une visite extérieure, le paraître vous regonfle une heure ou deux avant de vous effondrer à nouveau. Sentiment d’échec, d’infini du mal-être, …

Comment accompagner quelqu’un d’angoissé?

Une fois que vous avez lu ce qui précède, vous pouvez légitimement vous demander comment aider quelqu’un d’angoissé ou pire, quelqu’un qui vit une crise d’angoisse.

Il est bien entendu inutile d’essayer de raisonner la personne.

Comme l’angoisse est générée par une perception de la réalité, la clé est de guider doucement la personne vers un retour à la réalité. Bien sûr, il n’existe aucune solution magique mais un certain nombre de moyens aident souvent :

  • être bien conscient que la personne en face de vous est dans un sentiment d’urgence et que votre soutien ne résoudra pas son problème de façon définitive, que vous pouvez par contre l’aider à ressentir un apaisement temporaire
  • aider la personne à prendre conscience du fait que ce qu’elle vit n’est pas définitif, qu’elle ne vit l’angoisse que depuis un certain temps et qu’elle pourra en sortir un jour comme elle y est venue
  • aider la personne à évacuer toute source de peur complémentaire : annuler un maximum d’échéances et de situations à venir qui vont alimenter l’angoisse, lui assurer qu’à tout moment elle pourra s’échapper si ça ne va pas
  • un maximum de bien-être et de toucher : piscine, bain chaud, massages, … le plus possible!
  • aider la personne à ne pas rester seule
  • surtout, ne jamais bousculer, considérer que la personne est enfermée dans un bunker et qu’elle en sortira à son rythme, et dès lors qu’elle considérera que l’environnement extérieur est assez sécurisant pour oser une sortie